Je vous ai parlé récemment du vert émeraude que l’on trouve le plus souvent sur nos palettes, le vert de phtalocyanine, un pigment récent (organique de synthèse).
Il faut savoir qu’il existe un autre vert émeraude, beaucoup plus doux, le Viridian ou Vert émeraude véritable (PG18), un pigment minéral de synthèse : l’Oxyde de Chrome hydraté inventé par Pannetier au 19ème siècle.
Ce vert froid déroute parfois par la légèreté des lavis qu’il engendre surtout si on l’utilise en godet ce qui est notre cas car il faut un peu de temps et de patience pour obtenir une valeur qui restera de toute façon assez claire. Il faut aussi ne pas trop se dépêcher car il risque de rester des petits grains de pigments si on n’a pas bien dilué son lavis. La légèreté est précisément ce qui nous intéresse pour le rendu de la végétation puisque cette couleur rend parfaitement les lumières sur un feuillage brillant, dont le rendu nécessite des valeurs faibles, froides, un peu argentées si on lui ajoute un soupçon de rouge.Pour cette rosette d'Echeveria qui n'est pas brillante mais plutôt glauque, l'emploi du Viridian se justifiait sans même qu'il soit utile pour "l'argenter", de le casser de rose.

Le Viridian est très solide à la lumière. Bien sûr, je ne l’utilise jamais pour obtenir un vert foncé.
Sur une surface de feuille mouillée à l’eau pure il peut être posé un peu partout sans inconvénient puisque toutes les autres couleurs qu’on y fera fuser seront plus intenses, même pour un contrejour où elles sont chaudes et claires car on peut toujours réchauffer un vert léger et froid par l’apport de jaune ou d’un vert pimpant. Avec ce Viridian on peut aussi revenir en glacis légers après coup sur les zones claires.
Vous trouverez ce PG18 le plus souvent sous l’appellation Viridian, Vert émeraude ou Vert émeraude véritable :
- C’est le Vert émeraude n° 692 chez Winsor et Newton
- Le Vert émeraude n° 261 chez Blockx
- Chez Sennelier le PG18 n’existe pas en couleur monopigmentaire : le n° 837 (Vert émeraude véritable) contient en fait un peu de PG7 (vert de phtalocyanine), cela le rend sans doute plus facile d’emploi mais pour l’aquarelle botanique, il perd un peu sa spécificité et donc s’avère moins intéressant. C’est la même chose pour le n° 511 de chez Schmincke.
Le Vert oxyde de chrome PG 17, s’il paraît très semblable par sa composition réagit en fait très différemment. Il n’est pas utile avec lui de touiller beaucoup pour avoir un lavis très uniforme et sombre ! Ce vert très sourd arrive même trop vite ! Je m’en sers souvent pour « plomber » une couleur parce qu’un vert trop lumineux et transparent n’est pas toujours souhaitable pour le rendu réaliste du feuillage.
L’aspect mat d’une feuille velue ou pubescente n’est pas facile à rendre avec les pigments organiques de synthèse à base de Phtalocyanine comme le vert de vessie ou le vert de Hooker. Le vert oxyde de chrome permet de densifier un vert comme le vert de vessie très rapidement.
Souvent, il n’est pas souhaitable de l’utiliser tel quel car il est assez terne malgré tout, mais il m’arrive aussi de l’utiliser comme base bien dilué pour des revers de feuille comme ici sur ces études préliminaires du Clivia.
- Chez Sennelier , c’est le Vert oxyde de chrome n° 815
- Chez Winsor et Newton c’est le Vert oxyde de chrome n° 459
- Chez Schmincke, c’est le Vert oxyde de chrome n° 512
- Chez Blockx, c’est le Vert de chrome n° 262
Je ne me risquerai pas à vous parler d’autres verts minéraux que je pratique peu, cependant ils existent ; ce sont principalement les Verts de Cobalt, et la Terre verte.
L’ancien vert Véronèse était un pigment minéral très dangereux, un Arseniate de cuivre, il a souvent été remplacé par un POS (Pigment organique de synthèse) dont je vous ai parlé la dernière fois : le PG 36.