Voici une planche que je viens d’achever ; elle montre deux Pélargoniums et c’était l’occasion de me pencher un peu sur le sujet.(cliquez dessus pour l'avoir plus grande et plus nette!)
Mettons de côté le Géranium lierre (Pelargonium peltatum) ainsi que les nombreuses variantes du Géranium zonale (Pelargoniumn zonale), pour nous intéresser au Pélargonium à grandes fleurs (Pelargonium grandiflorum), dont il faut rappeler que dans l’hémisphère nord, il ne convient au jardin que pendant l’été, contrairement aux deux autres qui sont plus rustiques.
En fait, le genre Pelargonium presque exclusivement sud-africain, nommé premièrement par Pitton de Tournefort, est d’abord classé par Linné dans la famille des Géraniacées, puis on l’en détache en 1789 et c’est pourquoi les confusions persistent dans les noms communs des ces plantes.
Le Pélargonium à grandes fleurs (Pelargonium grandiflorum Willd.) existe en temps qu’espèce sauvage mais dans les obtentions modernes trouvées souvent sous un nom d’hybride, Pelargonium x grandiflorum ou Pelargonium x domesticum, une autre espèce arrivée vers 1700 en Europe, le Pelargonium cucullatum, a apporté ses gènes !
Deux versions pour le véritable Pelargonium grandiflorum Willd. :
A gauche : Engler, H.G.A., Das Pflanzenreich, Geraniaceae, vol. 129, p. 503, fig. 64 E (1912)
ci-dessous : The botanist’s repository, de H.C. Andrews, vol. 1, t. 12 (1797-1798)
En fait, il nous semble plus proche en apparence du petit cultivar appelé ‘Angel eyes’ qui figure en bas de ma planche et il sera plus correct pour la partie haute de mon aquarelle d'indiquer simplement "Pélargonium des fleuristes". Quant au cultivar ‘Angel eyes’, on le trouve plutôt classé avec l’espèce Pelargonium crispum !
J’ai trouvé une note dans le tome 34 de la Belgique horticole (1884), consacrée au Pélargonium des fleuristes, qui a subi de telles manipulations qu’on semble ne plus bien connaître son ancêtre naturel…
A cette époque(1884), les équivalences données par l’auteur sont Pelargonium cucullatum, P.hortulanorum, P.speciosum et P. grandiflorum ; il affirme que "depuis un siècle, la plante venue du Cap de Bonne-Espérance a beaucoup embelli grâce à une sélection artificielle bien ciblée des horticulteurs".
La planche couleur de 1884, qui paraissait avec l’article montrait des pétales un peu chiffonnés et ondulés aux couleurs pas tranchées qui rappellent notre goût actuel (et le sujet en haut de mon aquarelle) alors que pour les années 1850, j’avais trouvé dans le tome 3 de L’Illustration horticole, à voir ci-dessous, une autre image de ces Pélargoniums de fleuriste aux pétales tout ronds, tels qu’ils étaient recherchés alors. L’illustrateur était invité à tricher avec la réalité pour montrer des critères idéaux.
On voit ainsi dans quelle direction s’est opérée en partie la sélection ( surtout élargir les pétales) et comment certaines valeurs de 1855 comme par exemple la nécessité de présenter des fleurs très régulières presque circulaires, n’a plus cours 30 ans après ! D’autres critères comptent bien sûr, dans ces choix, la taille, la résistance aux maladies, etc… mais moins la rusticité puisqu’on vise surtout à créer de belles potées d’intérieur.
Ci- dessus,"Favourite flowers of garden and greenhouse", d’ Edward Step , publié en 1897, nous montre une image déjà plus réaliste du Pelargonium grandiflorum.
A propos de cet autre taxon qui serait impliqué dans la création de notre Pélargonium des fleuriste soit Pelargonium cucullatum , en 1860, il est déclaré très commun par W.H.Harvey (dans « Flora capensis ») autour de Capetown, où il est utilisé comme plante ornementale mais il s’agit d’un arbuste qui peut atteindre 2 m de hauteur. Dans cet ouvrage W.H.Harvey le signale aussi comme cultivé en Europe depuis 1690 et déclare que des nombreux hybrides de jardins en sont issus.